L’avenir de la gauche, un casse-tête
L’avenir du parti socialiste est incertain. Tout dépend de la faculté de ses dirigeants à s’adapter aux réalités et aux désirs des gens ou de leur entêtements à s’attacher à des symboles idéologiques. Autrement dit, il faut savoir si les socialistes peuvent être pragmatiques (mais dans ce cas ils seront sociaux-démocrates et non socialistes) ou s’ils resteront dogmatiques comme ils l’ont été sur la question des retraites et la réforme de l’État. Je veux dire que l’opposition doit être capable de donner raison au gouvernement dans certains cas, et de faire des propositions constructives en ce qui concerne l’avenir de la nation et du monde. Jusque là les socialistes ont surtout fait de l’opposition. Ils ont critiqué Sarkozy sans proposer d’alternatives. La gauche est divisée par de nombreux désaccords et la haine de Sarkozy (ou, si vous préférez l’antisarkozisme primaire) est le ciment de leur unité. Oui, c’est la seule chose qui maintienne l’unité de la gauche car, si vous regardez les rares propositions faites par Aubry, Jospin ou Royal, vous constaterez que les vues divergent fortement. Royal veut clairement limiter l’immigration (elle a approuvé les décisions d’expulsion de Sarkozy) alors que Lang trouvait cette politique « infâme ». Le parti socialiste n’est pas sorit de l’auberge car depuis Raffarin il s’est empêtré dans un marais de dogmes et de préjugés.
Si on regarde la réforme des retraites, l’analyse qu’on peut faire de l’attitude de l’opposition est effrayante. La gauche s’est farouchement opposée au recul de l’âge légal de départ à la retraite et a parlé de casse sociale. Pourtant Jospin avait dit qu’il faudrait le faire un jour. De plus l’allongement de la durée de vie justifie cette réforme. Des gens de gauches reconnaissent qu’il faut partir à la retraite plus tard pour sauver le système qui est en déficit depuis des années, mais il s’opposent à la réforme pour des motifs partisans. C’est dommages que les gens de l’opposition n’osent pas être eux-mêmes, alors qu’ils s’étaient alliés au gouvernement pour la constitution européenne.
La gauche critique aussi la réforme de la fonction publique. Il faudrait peut-être regarder la réalité en face. En France les fonctionnaires sont plus nombreux et mieux payés que dans le reste de l’Europe. Il était temps de mettre fin à cette folie. Avec des méthodes de travail intelligentes et moins de gaspillage, on pourrait avoir un service public de qualité avec moins de fonctionnaire. Et pour ceux qui craignent une montée du chômage, sachez qu’une diminution de la pression fiscale facilitera la création d’emploi dans le secteur privé.
Au lieu de raisonner, la gauche considère la retraite à 60 ans comme un symbole de l’ère Mitterrand, une vache sacrée à laquelle nul ne peut toucher. Mais la gauche peut décider quand elle veut de devenir un parti moderne et responsable et surtout honnête intellectuellement. On verra bien.